Être designer québécois et essayer de ne pas virer fou!
Être designer québécois, c’est probablement comparable à courir un marathon. Mais contrairement à ces sportifs pour qui j’ai énormément d’admiration, au bout de 42km, au lieu d’arrêter, de boire de l’eau et de se mettre une serviette dans le cou, on recommence immédiatement à courir un autre marathon! Les collections s’enchaînent à un rythme effréné et les délais sont serrés. Un peu comme un marathonien, on doit avoir une bonne force mentale, faire un pas à la fois tout en ayant en tête ce qui s’en vient. Notre cerveau est toujours à plusieurs endroits en même temps.
Pour vous donner une idée, présentement, nous liquidons les collections antérieures, nous vendons à prix régulier la collection printemps-été 2016 (quelques items sont déjà aussi en solde!), nous avons commencé à expédier la nouvelle collection automne-hiver 2016-2017, nos couturières sont dans le jus pour finaliser cette production et nous terminons de dessiner la collection printemps-été 2017. D’ici quelques semaines, nous allons débuter la coupe et la couture de ces vêtements et notre dessinatrice commencera à se pencher sur l’automne 2017-2018. Ouf! Carpe diem qu’ils disent? Vivre le moment présent? Pff! Pour un designer québécois, ça ne s’applique pas vraiment!
Vêtements de designer québécois = travail d’équipe
Par chance, on est bien entourées. Notre dessinatrice Nicole Beauchemin est une femme de talent et d’expérience. C’est elle qui élabore les collections. Dans sa tête, il y a toujours de nouvelles idées! En plus de créer les patrons, elle coud également les échantillons que les mannequins vont porter pour la séance photo et que je vais ensuite aller montrer à nos points de vente pour leur présenter la collection, environ 4 mois avant son entrée en boutique.
Pour répondre à la demande sans cesse grandissante, on a 5 autres formidables employés qui nous aident dans l’atelier. Ils sont des experts pour couper les tissus, coudre des boutons, faire du repassage, expédier les colis des commandes passées sur notre boutique en ligne, envoyer les commandes à nos points de vente, accueillir les clients dans notre boutique qui est ouverte à l’année, partir en exposition, etc. Une dizaine de couturières qui habitent non-loin de notre atelier-boutique travaillent aussi à l’année à temps plein à coudre nos 2 collections annuelles de vêtements et d’accessoires.
Ce qui me pousse à continuer…
Connaissez-vous des gens qui ont une entreprise? Peut-être en avez-vous une? Je ne sais pour vous, mais pour ma part, j’ai rarement rencontré des propriétaires d’entreprise ou un designer québécois qui travaillent seulement 35 ou 40 heures par semaine avec un horaire stable de 9 à 5! Je crois que la clef du succès pour ne pas virer fou lorsqu’on fait des semaines de 90 heures pendant quelques mois de suite est d’avoir la flamme, le feu sacré, la passion… La passion de créer, de faire avancer les choses et d’avoir l’impression que l’on est sur la terre pour les bonnes raisons.
Si je continue de m’investir autant dans notre entreprise, c’est parce que je suis entourée de personnes formidables et aussi parce que l’on reçoit sans cesse des commentaires positifs de vous, nos clients précieux. Lorsque vous nous dites que vous portiez l’une de nos robes pour le bal de graduation de votre plus jeune, que vous vous êtes fait arrêter dans le métro pour vous faire dire à quel point vous étiez jolie dans notre tunique ou que vous êtes désormais plus motivé à faire votre vaisselle grâce à nos lavettes et linges à vaisselle, ça fait ma journée et me motive à continuer à me dépasser!
Designer québécois: une passion qui demande du temps…
Ça fait 13 ans que nous avons lancé Rien ne se perd, tout se crée… Il y a peut-être quelque chose que je n’ai pas compris mais l’entreprise me demande toujours autant de temps. On est en constante innovation et en croissance alors j’imagine que ça vient avec! Je n’ai pas d’enfants et comme c’est mon entreprise, cela ne me dérange pas de travailler aussi intensément. C’est mon bébé, c’est ma passion. Par contre, pour ne pas virer folle, sachez que j’ai quand même une vie et que je ne pense pas 24 heures sur 24 à Rien ne se perd, tout se crée…! C’est important de décrocher. Les voyages sont pour moi une passion. J’essaie donc de partir 6 semaines par année pour aller me ressourcer, m’inspirer et penser à autre chose. Je vous reparlerai plus longuement de voyage dans d’autres articles!
Je jogge, tu jogges, nous joggons!
L’année 2016 a été très intense pour nous jusqu’à maintenant. Beaucoup d’émotions. Que du positif en bout de ligne, mais stressant. Depuis le mois d’avril, j’ai donc commencé à faire du jogging 3 fois par semaine (pas très original me direz-vous, comme environ le ¾ de la population du Québec en ce moment!). L’application Start running m’a été utile au départ pour y aller progressivement. Mon objectif de faire 30 minutes, 3 fois par semaine est maintenant atteint et je maintiens le rythme.
J’ai parfois de la difficulté avec la discipline surtout dans le domaine sportif, alors je suis vraiment fière de moi d’avoir pris le temps et de continuer de prendre le temps pour le faire. Je réalise que le jogging me permet de décompresser, de relaxer, de voir les saisons évoluer et d’être un peu plus connectée à la nature (mardi matin, j’ai vu 1 chevreuil, 1 renard, 1 marmotte, 1 mouffette et 1 souris verte! (la souris c’est pas vrai, mais le reste oui)).
De la fuite dans les idées (Sol, sort de mon corps!)
Vous voyez, j’ai commencé l’article en vous parlant de marathon et je conclue en vous parlant de jogging! Je ne savais pas trop où m’en aller avec cet article en le commençant. Je ne m’étais pas dit: tiens, je vais leur parler de jogging. Ça me rassure. Ça veut dire que même si je gère une entreprise dans le domaine du vêtement, j’ai quand même un minimum de suite dans les idées et que je ne suis pas trop folle. Du moins pas encore, ça s’en vient peut -être… 😉